L’origine des Bachiques Bouzouks


Les piliers en septembre 2022 : Yves, Bernard, Barbara, Elisaneth, Véronique, et Alban

Les Piliers des Bachiques Bouzouks (12 mai 2012). De gauche à droite et de haut en bas : François, Véronique, Ghislaine, Elisaneth, Elisabeth, René, Barbara, Yves, Alban, Michel et Bernard.

Réunion des piliers le 24 novembre 2004 : Elisaneth, Bernard, Véronique, Barbara, Michel, Françoise, Elisabeth, Yves, Alban et René

Un groupe de parents d’élèves

Tout a commencé à l’école maternelle Saint-Germain l’Auxerrois (1er arrondissement de Paris), en 1994. La directrice de l’école avait proposé aux parents jouant d’un instrument de musique de venir le montrer aux enfants à l’occasion de la Fête de la Musique. Elisabeth est donc venue avec son accordéon, qui a beaucoup plu aux enfants, et la directrice lui a proposé de revenir le samedi suivant pour animer le buffet de la fête de l’école.
Lors de la fête de l’école, pendant qu’elle jouait de l’accordéon près du buffet, deux autres parents d’élèves, Thierry et Gilles, se sont approchés : Thierry connaissait par coeur la plupart des chansons « musette » qu’elle jouait (La Valse brune, La Java bleue…) et Gilles, qui n’en connaissait que la musique, se contentait de les fredonner. Tous trois se sont dit qu’un grand nombre de parents sauraient certainement chanter ces chansons s’ils avaient les paroles sous les yeux. L’idée est alors née de photocopier les paroles d’une dizaine de chansons et de se retrouver à quelques-uns pour les répéter en prévision de la fête de l’année suivante.
La chose était d’autant plus facile qu’un petit groupe de parents avait, depuis quelques mois déjà, pris l’habitude de se retrouver le matin, au café, pour bavarder un peu après avoir conduit les enfants à l’école. L’année suivante, grâce à l’impressionnante collection de disques de Thierry, une première liste de chansons a été constituée, et quelques répétitions ont été organisées le soir, dans le préau de l’école.

Du pain, du vin, des chansons

A l’initiative de l’un des membres du groupe, René, amateur de bon vin, l’habitude s’est prise d’apporter quelques bouteilles, un peu de saucisson, de pain et de fromage, pour donner plus de convivialité à ces rencontres. C’est parce qu’il pouvait évoquer à la fois le côté « vin » et le côté « musique » que le nom de Bachiques Bouzouks, lancé par Rémi au cours d’un « brain-storming », a plu et a été retenu (pour mémoire, c’est un jeu de mots à partir de l’insulte bien connue du capitaine Haddock, « bachi-bouzouk ! »).
Encore aujourd’hui, chaque fois que c’est possible, nos fêtes comportent deux volets, le côté musical (les gens forment un cercle autour de l’accordéon, auquel se sont jointes maintenant la contrebasse d’Yves et le banjo d’Alban) et le côté convivial, avec le partage de boissons ou même de gâteaux ou d’autres mets apportés par les uns et les autres.

Des fêtes de l’école aux
fêtes Bachiques Bouzouks

Devant le succès rencontré lors de la fête de l’école, l’idée a germé d’aller également chanter à l’extérieur de l’école, par exemple sur le pont des Arts ou dans des restaurants du quartier (le Pont 9, le Café des Initiés…), à la fois pour le plaisir de chanter en public et dans le souci d’animer des fêtes ouvertes à tous. C’est de 1995 qu’on peut vraiment dater la naissance des Bachiques Bouzouks.
Compte tenu du nombre croissant de personnes intéressées par ces « Fêtes Bachiques Bouzouks », nous ne nous produisons pratiquement plus que dans la rue, sauf quand la froidure ou la pluie nous obligent à chercher un refuge. Sauf exception, les Bachiques Bouzouks restent fidèles au quartier où ils ont vu le jour, à savoir le quartier des Halles dans le 1er arrondissement de Paris, avec un lieu d’élection particulier, le Jardin des Halles et ses environs.

Liste annuelle des fêtes Bachiques Bouzouks :

– Fête de la Chandeleur, le samedi après-midi le plus proche du 2 février,
– Fête du Printemps, le vendredi ou le samedi le plus proche du 21 mars,
– Fête de la Musique, le 21 juin,
– Fête de la rentrée, le premier vendredi après la rentrée scolaire de septembre,
– Fête du Beaujolais, le troisième jeudi de novembre.
Participation à d’autres animations.
Nous sommes régulièrement sollicités pour aller animer d’autres fêtes : nous refusons systématiquement quand il s’agit de fêtes privées (mariages ou anniversaires, par exemple), car notre but est de chanter dans des fêtes ouvertes à tous ; c’est pourquoi nous privilégions, par exemple, l’animation de repas de quartier. Nous acceptons volontiers aussi (dans la mesure de nos disponibilités !) de faire des animations pour des personnes défavorisées (maisons de retraite, centres sociaux, centres d’accueil de SDF…).

Répertoire

Le répertoire comprend des chansons françaises traditionnelles ou d’auteurs, allant du 18ème siècle aux années soixante, pour l’essentiel ; dans un souci d’ouverture à l’Europe, nous avons également ajouté un petit choix de chansons espagnole, italienne, allemande, anglaise, et même russe. Certains auront remarqué la présence de chansons « rouges » (L’Internationale, la Varsovienne…) qui font partie de notre répertoire depuis l’origine du groupe ; à ceux à qui elles font un peu « grincer les dents », nous proposons de les chanter soit pour la beauté de la musique, soit en souvenir des femmes et des hommes du peuple dont elles ont exprimé les luttes et les espoirs, pendant la Commune notamment. Notre répertoire, qui comprend maintenant les paroles d’environ cent-trente chansons, n’est pas à vendre ; il est prêté gracieusement aux passants, qui nous le rendent à la fin de la fête… Les livrets sont renouvelés tous les deux ans, par le passé grâce à la générosité d’un mécène qui préfère garder l’anonymat, et désormais grâce au soutien du « Comité de parrainage des Bachiques Bouzouks ».
(Pour découvrir la liste de nos chansons, voir le répertoire.)

Le groupe se produisant de façon totalement gratuite et ouverte à tous, nous n’avons pas jugé nécessaire de créer une association. Un petit comité composé des membres les plus actifs, choisis par cooptation (les Piliers des Bachiques Bouzouks) se réunit périodiquement pour établir le programme des activités et faire évoluer le répertoire. Quelques répétitions sont organisées au moment du renouvellement du répertoire, tous les deux ans. Ces répétitions ne ressemblent pas vraiment au travail d’une « vraie » chorale : il s’agit seulement d’apprendre correctement les nouvelles chansons, et notamment les couplets, pour pouvoir guider les gens qui se joignent à nous pendant les fêtes. Elles réunissent les Piliers et un groupe un peu plus large de participants réguliers.

La création d’une association de quartier

A force de se rencontrer à la sortie de l’école ou autour de l’accordéon, les parents d’élèves et autres habitants du secteur des Halles ont pris conscience d’un certain nombre de problèmes dans le quartier et ont fini par créer une association, l’association ACCOMPLIR, pour porter leurs demandes et leurs propositions auprès des élus et des acteurs du quartier, et aussi pour développer la convivialité dans ce quartier plutôt anonyme. Où l’on voit que le chant mène à tout et qu’une petite chorale d’amateurs peut constituer un germe de citoyenneté…
L’association ACCOMPLIR se développe aujourd’hui de façon totalement distincte des Bachiques Bouzouks et avec son propre recrutement, même si des partenariats se poursuivent, notamment lors de la Fête du Jardin extraordinaire, ou lors d’animations auprès d’acteurs associatifs du quartier.

Discours pour les 25 ans des
Bachiques Bouzouks 29 février 2020

Les Piliers des Bachiques Bouzouks (29 février 2020). De gauche à droite :
Yves, Carole, Véronique, Stéphanie, Alban, Elisabeth, Barbara, Bernard, François et Ghislaine

Elisabeth : Je voudrais d’abord demander aux 10 Piliers des Bachiques Bouzouks de venir sur scène, car nous les musiciens, nous sommes très visibles : moi-même qui joue de l’accordéon depuis la création des Bachiques Bouzouks en 1995, Yves qui nous a rejoints en 2002 avec sa contrebasse, et Alban en 2004, d’abord avec une guitare puis avec son banjo ; mais il y a 7 autres personnes tout aussi importantes parmi les Piliers, sans lesquelles nous n’aurions pas pu continuer à chanter pendant toutes ces années :

  • Bernard, amoureux de la chanson et Pilier pratiquement depuis le début, qui depuis des années se charge de la mise en page et de l’impression des couvertures des livrets ainsi que de leur assemblage, mais aussi du transport des livrets sur les différents lieux où nous chantons, de la mise à jour de notre site Internet, et de la buvette chaque fois qu’il y en a une (comme ce soir) ;
  • Barbara, l’épouse de Bernard, toujours gaie et tout aussi passionnée de chansons, également Pilier pratiquement depuis le début, qui pour la fête de ce soir s’est chargée de nous trouver un traiteur et un pâtissier pour la pièce montée, ce qui n’a pas été une mince affaire ;
  • François, dont tout le monde apprécie la belle voix, qui est une encyclopédie de la chanson, et qui, avec sa compagne Ghislaine, s’occupe de l’accueil des passants, de la distribution des livrets et des cartes de visite lors des séances de chansons ; pour préparer cette fête, ils se sont, entre autres, chargés de chercher les partitions des nouvelles chansons que nous avons testées avant de choisir celles qui figurent dans ce livret ;
  • Véronique, qui est elle aussi une encyclopédie de la chanson, et a une connaissance très sûre et très rassurante pour moi des mélodies et des rythmes ; elle assure depuis des années et encore cette fois-ci la mise en page des nouveaux livrets, et elle s’est également chargée du suivi des inscriptions et de l’envoi du fichier à ceux qui voulaient bien faire des photocopies, tâches qui s’ajoutent à ses fonctions habituelles consistant à répondre à tous vos messages, à gérer la trésorerie et à assurer le secrétariat,
  • Carole, la compagne d’Yves, qui nous prête régulièrement son mari pour les répétitions et séances de chansons, et qui pour cette fête a passé des semaines et des mois à chercher une salle, puis a mené à bien les discussions avec la mairie du 20ème, s’est occupée de nous trouver du bon vin pour cette soirée, et a géré le contrôle des entrées ce soir,
  • Stéphanie, la compagne d’Alban, qui nous le prête régulièrement pour les répétitions et les séances de chansons et a accueilli récemment notre trio de musiciens pour une très longue répétition instrumentale dans leur maison ; et qui ce soir aide Bernard pour le pilotage de la buvette ;
  • je reviens à Alban, banjoïste talentueux, qui nous accompagne avec brio et avec un incroyable sens du rythme, et qui est même capable de jouer de la mandoline sur son banjo, le tout, Mesdames et Messieurs, sans connaître du tout le solfège, ce qui est une performance en soi ; pour cette fête, il s’est notamment occupé de nous trouver un sonorisateur, Stéphane, que je remercie au passage pour sa disponibilité et sa compétence,
  • Je reviens aussi à Yves, qui a étudié le hautbois au Conservatoire mais qui a appris la contrebasse tout seul et qui est incontestablement le meilleur musicien de nous trois ; pour la fête de ce soir, il s’est chargé de gérer les réservations en ligne ainsi que la cagnotte numérique, et nous a par ailleurs trouvé un graphiste, Damien, que je remercie pour la mise en page de la couverture.
  • Nous avons aussi la chance d’avoir parmi nous quelques représentants du petit groupe de parents d’élèves de l’école maternelle du 1er arrondissement Saint Germain l’Auxerrois qui, il y a 25 ans, ont créé les Bachiques Bouzouks avec, à l’époque, Thierry Fagart, Gilles Beauvais et moi. Je voudrais leur demander de venir également sur scène car, sans ce petit groupe qui a vaillamment commencé à répéter des chansons dans le préau de l’école, en se donnant du courage avec du vin rouge et du saucisson, nous ne serions pas ici ce soir. Merci donc à Catherine, Etienne, Fanou et Solange de venir sur scène ; je me souviens au passage que c’est Rémy, le mari de Solange à l’époque, qui avait eu l’idée de ce nom des Bachiques Bouzouks, emprunté au capitaine Haddock ;
  • Je voudrais mentionner deux autres personnes qui ont longtemps été membres des Piliers et qui, malheureusement, nous ont quittés il y a quelques années : Michel, l’un des fidèles parmi les fidèles, grand amateur de chansons « rouges », qui nous pilotait quand on chantait Mexico, et qui a écrit les paroles d’une des chansons que nous avons inaugurées ce soir, « la Chansonnette des Bachiques Bouzouks » ; et René, mon mari, qui veillait tout particulièrement à la dimension « bachique » des Bouzouks, et qui, le dernier soir avant sa mort, a voulu chanter encore une fois avec tous les Piliers réunis autour de son lit, pendant deux heures. Comme le dit si bien Brassens,

« Au rendez-vous des bons copains
Y’avait pas souvent de lapin
Quand l’un d’entre eux manquait à bord
C’est qu’il était mort
Oui, mais jamais au grand jamais
Son trou dans l’eau n’se refermait
Cent ans après, coquin de sort,
Il manquait encor »

  • Parmi ceux qui nous manquent ce soir, je voudrais aussi citer Jacqueline, une vieille dame toute courbée, qui marchait difficilement, mais qui ne ratait jamais une séance des Bachiques Bouzouks, jusqu’à sa maladie puis son décès, l’an dernier. Parmi tous ses talents, elle peignait remarquablement, et c’est à elle que nous devons le tableau qui est ici, et que nous avons reproduit sur la couverture du livret.
  • Je voudrais également remercier tous les membres du groupe de répétition, auxquels nous avons proposé, en raison de leur assiduité aux séances des Bachiques Bouzouks, de venir travailler avec nous les nouvelles chansons tous ces derniers mois, pour pouvoir soutenir ensuite ceux qui les connaissent moins bien : Alain, Colette, Danièle D, Danielle M, Elisabeth, Eric, Florence, Françoise Pl., Françoise Pr., Jean Louis, Jo, Julie, Mireille, Nadia, Pierre, Sophie, Valérie, Vincent, Yolande.
  • Merci également à tous ceux, présents ou non ce soir, qui ont photocopié l’intérieur du nouveau livret : grâce à eux, nous avons aujourd’hui un stock de 468 exemplaires !
  • Je tiens à remercier également Christine et Benoît qui ont aidé Carole à gérer les entrées, et tous les volontaires qui aident Bernard et Stéphanie à tenir la buvette !
  • Je voudrais aussi dire quelques mots de l’association Accomplir, que peu d’entre vous connaissent mais qui joue un rôle important ce soir. C’est une association d’habitants, qui, pendant des années, a animé le quartier des Halles, dans le 1er arrondissement, et qui a activement participé à la concertation sur le projet des Halles et à la contestation de certains aspects de ce projet. Elle a aussi contribué très activement à la création de la bagagerie Mains Libres, qui permet aux SDF du quartier des Halles de déposer chaque matin et chaque soir leurs affaires en sécurité. La bagagerie est née d’Accomplir, et Accomplir est née des Bachiques Bouzouks : c’est une très belle histoire de poupées russes. Aujourd’hui, Accomplir s’est mise en sommeil, mais il lui reste un peu de trésorerie et son conseil d’administration, dont je fais partie ainsi que Barbara, Bernard et Catherine, et dont le président, Frédéric, est également présent ce soir, a décidé d’apporter une contribution financière importante à l’organisation du buffet de cette soirée. Donc un grand merci à l’association Accomplir !

En finissant, je tiens bien sûr à remercier la mairie du 20ème qui nous accueille et au premier chef sa maire, Madame Frédérique Calendra, qui nous prête cette magnifique salle gratuitement, ainsi que l’huissier de la mairie, Monsieur LEBÈGUE, et son assistante Mme BERTON, qui non seulement nous a aidés à organiser la logistique de cette soirée, mais a donné un coup de main à la gestion du buffet !
Cette longue liste de remerciements prouve combien il faut de personnes, d’idées, de bonnes volontés et d’énergies pour faire vivre une aventure collective comme celle des Bachiques Bouzouks !
Mais au fond, c’est quoi, les Bachiques Bouzouks ? A l’occasion de cet anniversaire, il m’a paru intéressant d’y réfléchir un peu : pourquoi aimons-nous tant ces séances de chansons, au point de les renouveler régulièrement depuis 25 ans maintenant ?
J’ai relu une partie des messages que certains d’entre vous ont envoyés au fil des ans et qui sont stockés sur notre site, et j’ai interrogé mes proches sur ce que représentent les séances des Bachiques Bouzouks pour eux. Voici quelques idées qui m’ont frappée :

  • les Bachiques Bouzouks, c’est d’abord quelque chose de tout simple et en même temps de magique : une bande de copains, trois instruments, quelques partitions et livrets, des chansons que nous avons tous plus ou moins en tête, qui font partie de notre culture commune et ne demandent qu’à refaire surface et, tout d’un coup, l’anonymat des rues ou des jardins publics cède la place au partage, à la joie, à l’émotion collective. Ça ne coûte rien, ça ne dépense pas d’électricité et ça marche à tous les coups !
  • Chanter avec les Bachiques Bouzouks, ça fait du bien physiquement et moralement. Une certaine Agnès, dans les messages, dit que le fait de chanter, c’est « un vrai massage intérieur et extérieur » et c’est vrai que ça fait du bien au corps, on inspire et on expire à fond, ça donne de la bonne fatigue. Cela fait du bien à l’âme aussi. Une amie, Béatrice, m’a expliqué que quand elle ne va pas bien, elle se rend sur un rocher, près de sa maison ardéchoise, d’où elle a une belle vue, et elle se met à chanter, et peu à peu elle retrouve le rythme, l’énergie vitale. Le rythme des chansons, c’est un peu comme quand on marche, on retrouve une pulsation qui est d’abord celle de notre cœur qui bat, et ça nous fait du bien.
  • Beaucoup de gens soulignent aussi que chanter fait remonter des souvenirs et toute une gamme d’émotions qui vont de la joie à la tristesse. En réactivant toutes ces émotions, peut-être que nous nous sentons plus vivants, plus riches et reconnaissants de tout ce que nous avons vécu, et aussi plus intensément présents à l’instant qui passe ;
  • Une dimension très importante des Bachiques Bouzouks, c’est qu’on ne chante pas seul, mais tous ensemble. Parmi nous, il y en a qui maîtrisent parfaitement les chansons, et d’autres un peu moins, mais dans notre groupe, chacun a sa place, les plus forts soutiennent les plus faibles, et chaque voix, même si elle n’est pas complètement assurée, participe au résultat global. On éprouve, concrètement, la chance de pouvoir s’appuyer sur les autres et d’être plus forts ensemble, et cette synchronisation se fait sans effort, grâce à la magie de la musique et du rythme. Il se produit alors quelque chose d’étonnant : le groupe fusionne à travers la chanson, mais sans se replier sur lui-même, puisqu’à tout moment de nouvelles personnes peuvent nous rejoindre et se mettre à chanter avec nous.
  • Une autre remarque, c’est que chanter ensemble, cela apaise. Gérard, un ami, m’a appris que l’oreille, c’est l’organe de la sécurité. Quand il fait nuit, on n’y voit pas, et de toute façon on n’a pas des yeux derrière la tête. Par contre, nos oreilles fonctionnent jour et nuit et nous permettent d’entendre tout ce qui se passe autour de nous. Quand, au lieu de percevoir des bruits inquiétants, elles entendent un chant harmonieux, cela nous apaise. Je voudrais citer à ce sujet une belle formule de mon Béarn natal, « Que cante, sou mau encante », « celui qui chante, son mal enchante », au sens où un enchanteur détruirait un mauvais sortilège.
  • Et pour finir, une question que je me suis souvent posée en vous regardant chanter : « Est-ce que le fait de chanter ensemble, ça adoucit vraiment les mœurs, ou pas ? » Cet été, je suis allée danser pendant quinze jours au grand bal de l’Europe, et à l’occasion d’une assemblée, quelqu’un a dit « Quand on danse, on prend soin du corps de l’autre, à la fois celui avec qui l’on danse, et les gens autour, qu’il faut éviter de heurter. Et en prenant soin du corps des autres, on apprend à les respecter un peu plus ». Peut-être que le fait de se mettre à l’écoute des autres pour chanter dans le ton et dans le rythme, nous apprend aussi à les respecter davantage ? Peut-être que le fait d’être joyeux ensemble, autant par le fait d’offrir son chant que de recevoir celui des autres, nous apprend que chacun a sa place dans notre société, et que ce sont les liens que nous créons qui nous rendent heureux ? Peut-être que chanter ensemble n’a pas un pouvoir si grand et que ces hypothèses restent du domaine du rêve, comme dans Imagine : « Imagine all the people living life in peace », mais cela fait du bien, de raviver les rêves. Cela dessine un idéal et trace un chemin pour, peut-être, nous aider à vivre davantage en paix avec les autres et avec nous-même. C’est en tout cas mon espoir et cela fait partie des raisons pour lesquelles j’ai envie de continuer encore longtemps à jouer de l’accordéon !

Très bel anniversaire à tous, car les Bachiques Bouzouks, c’est nous mais c’est aussi vous, et que nous chantions encore pendant des années ensemble !

Discours de Véronique

Véronique : Merci Elisabeth, pour ces mots, qui nous laissent même à réfléchir sur le sens profond du chanter ensemble au-delà de la magie des moments heureux que cela nous procure à tous.
Mais sans toi, rien ne serait possible alors permets qu’au nom des Piliers mais aussi de tous ici présents j’en suis certaine, je dise :
Merci à l’accordéoniste, qui sans faillir, 3, 4 heures durant, parfois plus, par tous les temps, heureuse ou triste, en forme ou fatiguée, accroche son instrument et ne le lâche plus, pas même 5 minutes,
Merci à l’organisatrice qui ne lâche rien, qui trouve toujours le temps pour courir après une autorisation, pour aller au bout des choses, même si pour cela il faut un peu nous bousculer, nous les piliers,
Merci à la belle personne que tu es, à l’engagement que tu mets au service des autres, pour les Bachiques Bouzouks, comme pour les SDF de la Bagagerie
Merci à l’amie, chère à nos cœurs,
Alors, je voudrais que tous, là, maintenant, nous fassions une ovation, une vraie, à Elisabeth, l’âme des Bachiques Bouzouks, et bien plus encore !